Apollo 11 : les 50 ans du premier pas sur la Lune

Apollo 11(Image Credit: NASA/JPL)

Si Mars est la prochaine destination de l’Homme, il y a 50 ans (le 20 juillet 1969) nous posions pour la première fois le pied sur la Lune. À l’occasion de ce 50ème anniversaire, quoi de mieux que de revivre la prodigieuse aventure d’Apollo 11, celle qui marqua à jamais l’histoire de l’exploration spatiale.

La course à la Lune

Le 25 mai 1961, le président John F.Kennedy déclara devant le congrès américain sur les besoins nationaux urgents “je crois que cette nation se doit d’atteindre le but, d’ici la fin de cette décennie , d’envoyer un homme sur la Lune et de le faire revenir sain et sauf sur Terre.”. Ce discours, répété de nouveau en 1962, resta célèbre et il lança la course à la Lune entre les États-Unis et l’Union soviétique. Alors que l’Union soviétique fut la première nation à envoyer un satellite artificiel (Sputnik 1), faire voler un Homme dans l’espace (Youri Gagarine) mais aussi à effectuer la première sortie extravéhiculaire (Alexeï Leonov); le premier Homme sur la Lune sera américain. Par cet exploit, il s’agissait de démontrer la supériorité des États-Unis sur l’Union soviétique dans le domaine spatial, devenu un enjeu politique dans le contexte de la guerre froide qui opposait les deux superpuissances de l’époque. Pour atteindre cet objectif, le programme Gemini vit le jour avant le programme Apollo. Celui-ci était destiné à rattraper le retard en mettant au point les différentes techniques des vols spatiaux. 8 ans après le discours du président John F. Kennedy et malgré de nombreux problèmes techniques dont le tragique accident d’Apollo 1 qui entraîna un report de près de 2 ans, Apollo 11 allait être la première mission à emmener des Hommes se poser sur la Lune.

 

Apollo 11 emporte un équipage composé de Neil Armstrong, commandant de la mission et pilote du module lunaire, de Buzz Aldrin, qui accompagne Armstrong sur le sol lunaire, et de Michael Collins, pilote du module de commande et de service qui restera en orbite lunaire. Armstrong était discret et plutôt renfermé, il était “un véritable grand prêtre des forces de l’histoire de la société et de la science…” Michael Collins et Buzz Aldrin avaient des personnalités plus faciles à saisir. Aldrin était un “homme d’aspect solide, sûr comme un tracteur mais chez qui on sentait la force d’un char…”. Collins lui évoluait avec aisance, il était détaché et souriant il “était l’homme que presque tout le monde était content de voir à une réception, car il était la vivante incarnation des bonnes manières et de l’aisance…”. L’équipage d’Apollo 11 était expérimenté, tous pilotes de chasse, chaque membre avait déjà effectué un vol en orbite autour de la Terre.

 

Les membres de l’équipage d’Apollo 11 (Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins) (Image Credit: NASA)

 

Fly Me to the Moon

Le 20 juillet 1969, alors que le jour se lève sur la Floride, le monde entier a déjà les yeux grands ouverts, rivés sur la Saturn V, la fusée qui emmènera d’ici quelques heures Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins vers la Lune. Après un petit déjeuner entre astronautes, les membres d’Apollo 11 s’équipèrent de leur équipement spatial et après un dernier salut à la foule, montèrent dans l’Astrovan. Celui-ci les amena sur le pas de tir. Ils montèrent ensuite dans l’ascenseur qui les emmèna au sommet. Une fois là-haut ils traversèrent une passerelle afin d’atteindre la salle blanche et la capsule Columbia. Les astronautes firent des offrandes au gardien de la salle blanche, Guenter Wendt. Armstrong offrit un ticket pour un voyage en taxi valable entre deux planètes. Michael Collins donna en cadeau une truite sur un grand cadre en bois. Enfin Buzz Aldrin offrit une bible dédicacée. Guenter Wendt leur autorisa le passage en offrant à son tour une clé en mousse de 1 mètre, celle de la Lune. Installés dans la capsule, à 7h52 la porte se ferma. À 9h27, la passerelle d’accès s’éloigna et la tour de sauvetage fut armée en cas de problème technique au lancement. Les trois hommes sont calmes malgré la pression qui se fait ressentir. Michael Collins la ressent particulièrement, il a des tics aux paupières. À 50 secondes du départ, la Saturn V montra des signes de vie tandis qu’approcha le compte à rebours final, des millions de litres d’eau étaient versées à la base de la fusée pour atténuer la puissance des flammes qui allaient rugir. À 0 seconde la fusée fut libérée dans un vacarme assourdissant, elle cracha d’épaisses flammes accompagnées d’un nuage de fumé et d’une onde de choc qui se répandit dans les marécages de Cap Canaveral.

 

Apollo_11_Saturn_V_lifting_off_on_July_16,_1969La fusée Saturn V au décollage le 20 juillet 1969 (Image Credit: NASA/JPL)

 

Le public placé plus loin à 6 kilomètres commença seulement à entendre le crépitement des moteurs F-1 alors que la fusée était déjà à plusieurs mètres du sol. 12 minutes après le décollage, la Saturn V était déjà en orbite autour de la Terre. Après 2 tours en orbite, la phase d’injection trans-lunaire débuta. C’est la poussée qui les catapulta tout droit vers la Lune. Petit à petit, ils s’éloignèrent de notre petite planète bleue qui rétrécissait à vue d’œil dans leur hublot. Il était également temps pour  Michael Collins de séparer Columbia de l’étage S4B contenant le module lunaire “Eagle”(LEM ou LM). Il éloigna de quelques mètres la capsule puis après un salto, revint s’amarrer à Eagle. Le S4B fut largué et est allé se perdre autour du soleil. Le double vaisseau “Columbia-Eagle” est maintenant en route vers l’astre le plus observé en ce moment, la Lune.

 

Trajectoire-mission-ApolloTrajectoire des missions Apollo vers la Lune (source Wikipédia Programme Apollo https://fr.wikipedia.org/wiki/Programme_Apollo)

 

Après un voyage de 3 jours, le double vaisseaux “Columbia-Eagle” se mit en orbite lunaire. Après avoir réalisé 13 révolutions autour de la Lune, le double vaisseau se sépara. Désormais Columbia était occupé par Collins tandis que Eagle entama sa descente vers le sol lunaire avec à bord Armstrong et Aldrin. Au moment de cette séparation un problème d’air provoqua une impulsion trop importante. La trajectoire du module lunaire Eagle fut alors déviée entraînant un décalage de la zone d’atterrissage. Alors que la descente était déjà bien entamée, une alarme sonna dans le module. Cette alarme 1202 faisait référence à un problème technique sur l’ordinateur de bord. Le centre de contrôle à Houston leur indiqua d’ignorer cette alarme malgré sa redondance. Puis ce fut au tour d’une nouvelle alarme de sonner, la 1201. Armstrong garda son sang froid, ignora ces alarmes et poursuivit sa descente. Il chercha un terrain pour atterrir mais il fut surpris par les rochers qui jonchaient le sol. Il maintint l’attitude tout en se déplaçant alors qu’il ne restait que 30 secondes de carburant. Au centre de contrôle la tension était au plus haut, ils ne savaient pas ce qu’il se passait là-haut, mais ils se turent car ils ne voulaient pas les déranger. Soudain, Neil vit un endroit dégagé, son pouls était à 156 battements par minute tandis que celui de Buzz était à 125 battements par minutes. Il descendit et à 20:17:40 UTC, Eagle se posa dans la mer de la tranquillité. Les premiers mots d’Armstrong destinés au contrôle de la mission furent : « Houston, ici la base de la Tranquillité. L’Aigle a aluni… ».

 

Site d’atterrissage détaillé de la mission Apollo 11

 

6 heures plus tard, le module lunaire fut dépressurisé et Neil descendit l’échelle. Il effectua ses premiers pas sur la Lune le lundi 21 juillet 1969 devant des millions de téléspectateurs écoutant les premières impressions de l’astronaute. Celui-ci, en posant le pied sur le sol lunaire, lança son message resté célèbre : « That’s one small step for a man, one giant leap for mankind » (« C’est un petit pas pour un homme, un bond de géant pour l’humanité »).

 

Premiers pas de l’Homme sur le sol lunaire

Buzz Aldrin le rejoignit 19 minutes plus tard et ensemble ils plantèrent le drapeau américain. Il reçurent par la suite l’appel téléphonique du président des Etats-Unis, Richard Nixon qui les félicita. Après 2h30 à l’extérieur, ils avaient posé des instruments scientifiques et récoltés 22 kg d’échantillons de sol lunaire. Avant de retourner dans le module lunaire, ils déposèrent le patch de la mission Apollo 1 ainsi que les médailles des soviétiques Youri Gagarine et Vladimir Mikhaïlovitch Komarov. Après une nuit difficile passée sur la Lune, ils entamèrent la longue procédure préparant le décollage. Après 21h et 36 minutes passées sur la Lune, le module lunaire décolla et rejoignit la capsule Columbia en orbite lunaire. Ils abandonnèrent Eagle qui partit s’écraser sur la Lune et entamèrent ensuite une manœuvre d’injection sur une orbite de rencontre avec la Terre. Après une rentrée atmosphérique, le module amerrit à 16 h 50 min dans l’océan pacifique. Il fut récupéré par le porte-avion USS Hornet.

 

20140715_apollo11-splashdownRetour d’Apollo 11 dans le pacifique (Image Credit: NASA/JPL)

Le programme Apollo et l’espoir des générations

Apollo 11 est la mission qui a suivi la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, le premier vol par les frères Wright, la traversée de l’atlantique par Charle lindbergh ou encore le premier vol spatial par Youri Gagarine. Elle a également ouvert la voie aux autres missions lunaire. Grâce au programme Apollo de très nombreuses avancées technologiques utilisées aujourd’hui par le grand public ont vu le jour. C’est maintenant aux générations suivantes de suivre cet exemple, vers de nouvelles aventures qui amèneront, peut-être un jour, l’Homme aux confins du système solaire.

 

Timeline des missions du programme Apollo