Groupes religieux conservateurs menacent le droit à l’avortement au Brésil, qui est déjà très strict — même si légalisé seulement en trois cas, presque d’une femme sur cinq a déjà avorté à l’âge de 40 ans
Au Brésil, un projet d’amendement constitutionnel approuvé le 8 novembre entend inclure dans le texte de la Constitution que “la vie commence à la conception”. Le projet a été approuvé par une commission dirigée par des groupes évangéliques brésiliens, qui aujourd’hui exercent une influence expressive dans la Chambre des députés. La proposition maintenant doit être examiné par la plénière.
Le projet de loi est un danger pour les droits des femmes concernant l’avortement, puisque la Constitution brésilienne dit que l’Etat doit protéger la vie — mais jusqu’à maintenant, le texte ne dit pas que la vie commence à partir de la conception.
Le président de la Chambre des députés, M. Rodrigo Maia, s’est manifesté publiquement sur sa page Facebook en disant que « interdire l’avortement en cas de viol ne va pas passer dans la Chambre [des députes] ».
Restreint ou interdit, l’avortement existe
Au Brésil, l’avortement est permis en trois cas : pour sauver la vie de la femme ; si la femme est devenue enceinte en raison de viol ou si le fœtus est anencéphalique. La situation est similaire dans la plupart des pays de l’Amérique Latine et dans les Caraïbes, où 97 % des femmes en âge fertile vivent dans des pays où l’avortement est restreint ou interdit, selon le rapport de Guttmatcher Institute (2017).
Cliquez dans le pays pour savoir en quels cas l’avortement est permis
Cela ne veut pas dire que dans ces pays l’avortement n’est pas une pratique fréquente dans la vie des femmes. Au Brésil, la Recherche National sur l’Avortement (PNA) a constaté qu’en 2016, près de une femme sur 5, à l’âge de 40 ans, a effectué au moins un avortement. Lors que la plupart des avortements sont clandestins, la loi pénale menace d’emprisonner de un à trois ans les femmes qui sont découvertes.
Et si les arguments qui essaient de justifier l’interdiction de l’avortement au Brésil sont majoritairement religieux, la religion ne fait pas d’exception à la pratique de l’avortement au Brésil. Selon la PNA, seulement 12 % des femmes qui ont déjà fait un avortement se sont déclarés sans religion.
Les conséquences de l’interdiction
Les taux d’avortement ne sont pas sensiblement différents entre les pays où l’avortement est légal et où il est restreint, selon une étude de l’Organisation Mondiale de la Santé publié en 2016. C’est-à-dire que les lois restrictives ne font pas que les taux d’avortement soient plus faibles.
La différence principale réside dans le traitement des cas d’avortement : la restriction et l’interdiction sont responsables de la précarité de la pratique, lors que clandestine, ce qui fait de l’avortement la cinquième cause de mortalité maternelle au Brésil. En même temps, dans les pays où l’avortement est légalisé, comme le cas des pays de l’Europe occidental, le taux de mortalité maternelle est extrêmement bas.
Femmes tuées à chaque 100 mille avortements
Source : Guttmatcher Institute